Intérêt de cette question pour le professeur

Parfois, nos élèves font des activités que nous proposons, mais ils n’apprennent pas car ils n’arrivent plus à se concentrer ou à traiter la masse d’informations dont ils disposent : ils sont en surcharge. Parfois, une situation familiale difficile, une situation de conflit, des automatismes non installés mobilisent toutes les ressources de l’élève, et l’empêche de mobiliser des ressources de son cerveau sur ce que nous lui demandons de faire pour apprendre. Être conscient de cette charge permet d’organiser la différenciation pédagogique, d’éviter un acharnement pédagogique qui n’aurait aucun sens, ou des maladresses.

Définition

La charge cognitive est une théorie développée par John Sweller en 1956. Elle considère que toute activité d’apprentissage nécessite pour le cerveau une mobilisation d’une quantité de ressources qui n’est pas infinie. D’après Sweller, Van Merrienboer, & Paas, (2019), elle peut se découper en trois sous-ensembles :

– la charge intrinsèque, liée aux informations à traiter et à mettre en relation pour réaliser la tâche.

– La charge extrinsèque, liée aux informations inutiles. Ainsi, les supports scolaires (manuels, fiches) comportent des images, des liens hypertexte, des différences de typographie qui peuvent constituer des informations parasites pour la tâche à accomplir. 

– La charge essentielle, liée à l’apprentissage lui-même, c’est-à-dire à la construction et la maîtrise de connaissances.

Si la charge intrinsèque et/ou la charge extrinsèque sont trop élevées, il ne reste plus de ressources aux cerveaux pour la charge essentielle, c’est-à-dire pour apprendre. Par exemple, un élève qui maîtrise mal la lecture, a toute sa charge cognitive occupée par le déchiffrage et n’est pas en mesure de comprendre le sens du texte qu’il lit. De la même manière, un élève a qui on demande de lire à haute voix un texte, s’il ne connaît pas le texte en amont, n’est pas en mesure de répondre à une question sur le sens du texte en fin de lecture : toute sa charge cognitive a été accaparée par la lecture à haute voix. C’est pourquoi la création d’automatismes est essentielle car elle permet de réduire la charge cognitive. C’est pourquoi l’apprentissage des fondamentaux est si essentielle, elle vise à créer les automatismes de base qui permettent ensuite de construire les apprentissages d’un niveau supérieur. Pour prendre un exemple dans un autre champ : l’apprentissage de la conduite automobile passe par la création d’automatismes de base sur l’utilisation des pédales, du levier de vitesse, des clignotants, des rétroviseurs, de manière à réduire la charge cognitive sur ces éléments pour qu’ensuite, l’attention puisse être focalisée sur ce qui se passe sur la route.

Ceci est à prendre en compte lors de la réalisation de documents pédagogiques qui doivent éviter de mettre les élèves en surcharge cognitive. Pour cela, ils doivent éviter un éclatement des informations sur trop de supports, les informations et illustrations inutiles, la redondance totale des documents entre eux, mais doivent favoriser le guidage vers l’information essentielle.

La théorie de la charge cognitive n’implique donc pas de baisser l’exigence de la tâche ou de l’effort demandé aux élèves, mais de calibrer cette exigence, à ce que maîtrise déjà l’élève par rapport à l’apprentissage visé.

Pour aller plus loin