Intérêt de cette question pour le professeur

L’acte d’enseignement n’est pas anodin, il est souvent pensé comme la transmission d’un savoir du maître vers l’élève, or cette vision est très réductrice. Connaître les différentes théories de l’apprentissage permet de savoir à laquelle de ces théories nos pratiques se rattachent, mais aussi d’élargir les possibles pédagogiques.

Définition

Une théorie de l’apprentissage est un moyen d’expliquer comment un élève apprend. C’est une théorie dans la mesure où cela n’a pas été scientifiquement démontré, mais est étayé par un grand nombre d’observations convergentes.

Il existe plusieurs théories de l’apprentissage, la première a été formulée par John Lock et s’inscrit dans la continuité d’Aristote et Platon, c’est le modèle transmissif ou de l’empreinte. Il est mobilisé dans tout cours magistral. Le maître est détenteur du savoir, il le transmet à ses élèves qui sont en posture d’écoute. Les spécificités de chaque élève ne sont pas prises en compte. Cette approche a une certaine efficacité pour les élèves à l’aise, qui maîtrisent les codes scolaires, soit souvent, ceux issus des catégories socio-professionnelles les plutôt favorisées.

Le béhaviorisme (John Watson 1913) est basé sur des stimulis envoyés à l’apprenant qui réagit à ses derniers montrant ainsi s’il a appris correctement ou non. Il s’agit de créer des automatismes à partir d’essais-erreurs, comme l’erreur génère un retour négatif, il convient donc d’essayer de l’éviter. Ce modèle tend à morceler chaque apprentissage en sous-apprentissage, qui peuvent eux-mêmes être morcelés aux dépens du sens. Les élèves peuvent ne plus faire le lien entre les objectifs secondaires et l’objectif principal.

Le cognitivisme (Atkinson et Shiffrin 1968) considère que l’apprenant est un acteur de ses apprentissages en mobilisant son attention, ses capacités de mémorisation, ses capacités de compréhension, ses capacités de métacognition. L’apprenant met ainsi en place un certain nombre de processus que l’enseignant doit maîtriser pour l’accompagner dans cette mise en œuvre. L’erreur est exploitée pour construire les apprentissages. Le cognitivisme nécessite donc un retour, une interaction entre le maître et l’élève sous la forme de feedback.

Le constructivisme (Piaget 1950) s’appuie sur le cognitivisme, mais considère que l’élève est déjà porteur de représentations sur ce que l’on cherche à lui enseigner et qu’il convient d’en tenir compte. Dans cette théorie, il s’agit de déconstruire ou consolider les représentations initiales de l’apprenant. C’est la nécessité de s’adapter à la nouvelle conception du monde qui vont provoquer l’apprentissage.

Le socio-constructivisme (Vygotski 1960) reprend la théorie de Piaget en y ajoutant le fait que les apprentissages sont favorisés par les interactions entre élèves. L’enseignant doit donc installer des situations qui favorisent ces interactions par exemple à travers des travaux en groupe.

Un exemple de mobilisation de différentes théories dans un établissement de l’académie

Au lycée du Cheylard, l’équipe d’histoire-géographie considère que le modèle transmissif est  adapté à certaines parties du cours peu compliquées : à tour de rôle selon les questions de programme, un seul professeur assure le cours pour trois classes de lycée qui sont regroupées dans la même salle. Cette approche permet de libérer deux heures enseignant qui permettent ensuite de faire des groupes à effectifs plus réduits en mobilisant le constructivise ou le socio constructivisme et de faire de la différenciation pédagogique.

Pour aller plus loin

cf. la fiche de synthèse proposée par la DACIP de l’université de Lorraine qui présente ces grandes théories de façon très claire, avec un tableau sur ce que fait l’enseignant, ce que fait l’élève pour chacune d’entre elles, les atouts et les inconvénients. Toutefois, nous ne sommes pas d’accord avec la mise en avant des intelligences multiples proposée dans les dernières pages. Sur ce point, cf. le mercredi de Pégase « Intelligences multiples ou multiples facettes de l’intelligence » d’Emmanuel Sander du 28 mars 2022, sur le site du Pôle Pilote Pégase.